mardi 19 juin 2007

Une jolie femme quand elle rit

Elle rit tout le temps. Même sur les plateaux télé devant les socialistes Hollande et Fabins, noyés par la vague bleue.
Cheveux noirs brillants, yeux idem sous de longs cils. Regard de biche ; bouche rough , corps énergique et frêle sur escarpins bondissants. C’est elle, Rachida Dati.
Elle vit le jour le 27 novembre 1965 en Saône-et –Loire. Dati, 41, est l'un des frontrunners pour les poteaux supérieurs dans le nouveau gouvernement de 15 membres. Dati est incliné pour mener le ministère de la Justice. Sarkozy a fait le bon choix. Fatima, une amie de la famille, Je suis vraiment très touchée. Pour connaître un peu sa vie. Sa mère aimait la vie ! Son père était mélancolique et austère. Rachida ,dès le départ ; est entre les deux.
En une génération, j’ai réalisé ce qui était possible en un livre d’histoire. Elle est jeune, arabe ,garde des sceaux. Sarkozyste à fond : effort, mérite et culot. Un quadruple symbole :Jeune, arabe, femme,milieu défavorisé, lance un proche.
Elle avait pourtant prévenu aux journalistes Je vous en prie, ne faites pas de ma vie un roman. Ce n’est pas Linda de Souza et sa valise en carton. Ces portraits qu’on fait de moi, je ne m’y reconnais pas parce que c’est joli. J’ai eu un parcours très dur, mais il y a plus dur que ma vie, alors n’enjolivez pas, ne dramatisez pas.
Elle enrage que la presse traque sa jeunesse. Des journalistes ont appelé la fac de droit pour savoir si mes diplômas étaient vrais. Parce qu’il paraît que dans certaines cités, ça s’achète…Je ne crois pas, pourtant, qu’on ait vérifié ceux des autres membres du gouvernement, ironise-t-elle. Elle a raison d’être en colère. Parce que ce n’est pas sa jeunesse qui est la plus intéressante.
Elle a toujours travaillé. Et pas qu’à l’école. Dès le collège, pour cause d’illettrisme parental, elle s’occupe des formalités administratives, CAF et Sécurité sociale. A 14 ans , elle fait du porte-à-porte dans la cité pour les produits Avon, se souvient des femmes qui prenaient des crédits pour des rouges à lèvres, et des échantillons qu’elle leur donnait, encore fière aujourd’hui d’avoir été élue meilleure vendeuse . A 16 ans, elle sera noctambule. A sa façon, dans une clinique. Elle est aide soignante de nuit pour payer ses études d’économie à la fac de Dijon. Elle en est fière, c’est même sur sa notice du Who’s Who.
Je ne veux pas que toutes ces jeunes filles que je rencontre, qui me disent qu’elles font du droit pour être comme moi. Tandis que monte dans la salle des fêtes de Poitiers un bruit qui enfle comme une vague. DA-TI ! DA-TI ! DA-TI! Ce n’est plus un nom, c’est un slogan.
(réorganiser selon l’article publié dans le Point, Hebdomadaire d’information du jeudi 14 juin 2007 No 1813, photo :AFP/www.20minutes.fr)

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